Située au
fond de la place Perrin dont elle constitue le principal élément
paysager, cette chapelle a été curieusement construite à
flanc de rocher, au dessus du ravin de Sainte Candie. Ses murs de soutènement
sont très hauts et la chapelle n'en occupe que la partie supérieure.
Historique
Sa date de construction est
très incertaine : certes une bulle du Pape Eugène III attribue en
1152 à l'abbaye de Montmajour une chapelle Saint Michel dite du castrum
mais il n'est pas impossible qu'il s'agisse de la chapelle Saint Michel de Villepey
qui desservait le castrum du même nom et qui a complètement disparu
(D'autant plus qu'en 1204, le Pape Innocent III confirmait à
Montmajour la possession de Saint Michel de Villepey.) Ce
qui est certain, c'est que la chapelle appartenait en 1314 aux chevaliers de Saint
Jean de Jérusalem auxquels le souverain pontife avait attribué tous
les biens des Templiers. En 1582, Monseigneur Garidelli, évêque
de Vence, envoyé en visite pastorale par l'évêque de Fréjus,
instituait à Roquebrune une confrérie de Pénitents Blancs
et la chargeait de desservir la chapelle Saint Michel et le cimetière contigu
à la chapelle. Dès lors, Saint Michel demeura, jusqu'au XIXème
siècle, chapelle sépulcrale, ce qui lui permit de ne pas être
vendue comme Bien National pendant la Révolution. Les Pénitents
Blancs prenaient en charge l'ensevelissement des défunts qui était
naturellement payant, sauf pour les indigents et les suppliciés.
Le 29 prairial An XII (1806) , un décret impérial interdit la présence
d'un cimetière à moins de 40 mètres des habitations. Il fallut
quarante ans et de nombreuse péripéties pour que la Municipalité
se décide à transférer le cimetière à son emplacement
actuel. On procéda alors au remblaiement du vieux cimetière
; avant cette opération, un certain nombre d'ossements furent exhumés
et déposés, sous le sol de la chapelle, dans une sorte de crypte
accessible par une trappe. Une vaste place fut ainsi créée devant
Saint Michel : l'actuelle place Perrin. L'entrée de la chapelle se retrouva
nettement en contrebas de la chaussée et accessible uniquement par un escalier.
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Peu à peu délaissée,
elle fut abandonnée à son sort, au moment de la séparation
de l'Eglise et de l'Etat.
Elle servit à loger les troupes en manuvres ou à entreposer
du matériel municipal.
En 1970, elle était dans un état lamentable : la terre amenée
de la place par les eaux de pluie avait remblayé la moitié de la
nef. | Depuis,
les Municipalités successives ont, heureusement, réhabilité
l'édifice, les vitraux ont été réparés,
| | la
cloche de la chapelle Saint Jacques, datée de 1786, uvre d'Etienne
Perrot, de Marseille, a été transférée dans le clocheton
dont la silhouette pittoresque se détache sur le panorama du Rocher.
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| La
chapelle est devenue le haut lieu artistique et culturel de la commune, abritant
pratiquement toute l'année des expositions de qualité de peintres,
sculpteurs, photographes ou artisans d'art. |
Architecture
de la Chapelle Saint-Pierre
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Avec sa porte voûtée
en plein cintre et son abside semi-circulaire, l'édifice
évoque, au premier abord, une chapelle romane,
impression renforcée par une fenêtre également
voûtée en plein cintre.
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Par contre, une
autre fenêtre est en arc brisé et surtout, la chapelle
est voûtée en croisées d'ogives assez
légères, plus récentes que les lourdes
croisées d'ogives à section carrée qui
soutenaient les voûtes d'un certain nombre d'églises
provençales,au début du XIIIème siècle.
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La voûte de l'église a
donc été faite ou refaite après 1250, mais
l'édifice lui-même existait-il auparavant ? Sur ce
point, les historiens ne sont pas d'accord :
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- première
hypothèse : une chapelle aurait pu être construite
là au XIème siècle, pour suppléer
à l'exiguïté de la chapelle Notre Dame des
Salles. Elle aurait été bâtie hors les murs,
faute de place, et à flanc de rocher puisqu'il y avait
un vallon au pied des remparts. D'où la nécessité,
pour que la chapelle soit accessible, de la percher sur un mur
de soutènement très élevé. Dans
cette hypothèse, la bulle du Pape Eugène III,
qui est malheureusement peu explicite, concernerait bien notre
église Saint Michel.
Dans la même alternative, on conçoit que la chapelle
n'aurait pas pu être dotée, au XIIème siècle
d'une voûte en berceau, en raison de l'instabilité
des murs porteurs ; elle n'aurait pas pu bénéficier
non plus, au début du XIIIème siècle de
croisées d'ogives à section carrée, également
trop lourdes. Il aurait donc fallu attendre l'invention de croisées
d'ogives plus légères pour bâtir la toiture
définitive . Cette dernière intervention sur l'édifice
serait donc intervenue soit pendant la seconde moitié
du XIVème siècle, alors que les Templiers qui
, rappelons-le, avaient acquis non loin de là une maison
accolée à la Tour Anfred, étaient sans
doute propriétaires de la chapelle, soit plus tard . |
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- deuxième hypothèse : la chapelle aurait entièrement
été construite par les Templiers et voûtée en croisées
d'ogives légères, soit immédiatement, soit ultérieurement.
Mais, dans ce cas, pourquoi ces arcs en plein cintre ? Pourquoi ce plan de chapelle
romane ? | En tout état
de cause, il sera impossible d'affirmer que Saint Michel est une chapelle romane,
remaniée à partir du XIVème siècle ou qu'elle date
entièrement de cette époque, tant qu'on n'aura pas trouvé
dans les archives des Templiers ou des autres grandes abbayes de document probant.
Quoiqu'il en soit, la chapelle est âgée d'au moins sept cents ans
; grâce aux actions conjuguées des dernières municipalités
de Roquebrune, elle est encore en parfait état et continuera, longtemps
encore à témoigner du savoir-faire des bâtisseurs du Moyen
Age.
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