Présenté
en l'église de l'Observance de Draguignan, le Vendredi 2 février
2007 par Pierre Jean Gayrard.
L'église
paroissiale St. Pierre - St. Paul, inscrite à l'Inventaire supplémentaire
des Monuments historiques, fait l'objet d'une importante restauration : murs,
vitraux, décor peint, etc. Maître d'ouvrage : commune de Roquebrune-sur-Argens,
maître d'uvre : l'architecte V. Wood, ADP. P.
J. Gayrard membre du Comité des Sites, du Centre Archéologique du
Var et de la Société d'Études de Draguignan a présenté
un rapport archéologique et architectural fait à l'occasion d'un
suivi des travaux et de sondages qu'il a effectués au cours de l'année,
aidé de MM. Jean-Louis Theurier et Armand Toulon, avec vidéo projection
de photographies, plans et divers relevés. |
Chapelle
des Ames du Purgatoire : découverte d'une fenêtre étroite,
cachée par le retable du Jugement Dernier, occultée par le mur de
la maison contiguë.
Chapelle des Fonts Baptismaux
: derrière le retable de saint Jean-Baptiste, découverte d'une vaste
baie sous arc, comblée et fermée par le mur précédent
- deux claveaux de l'arc ont été brisés par l'extrémité
d'une poutre de cette maison - et d'une porte qui ouvrait sur le même
côté, aussi comblée. Au pied de cette porte, découverte
de l'orifice d'évacuation des eaux baptismales et sa bonde. Découverte
d'un arc en plein cintre masqué par l'arc brisé, de construction
moderne, qui fait communiquer la chapelle avec la grande nef.
Ces
observations remettent en question la structure et la dimension primitive de
ces chapelles, qui ne sont qu'une partie de l'église paroissiale du
XIIe-XIIIe siècle: un prolongement en direction de l'actuelle place
de l'église ?
Sur quoi ouvraient l'arcade et la porte du mur sud-est ? Sur l'extérieur,
simple entrée de l'Eglise ? un narthex ? une chapelle ?
Une autre nef (la nef principale ?) se trouvait très probablement
à l'emplacement de la nef actuelle, du XVIe siècle.
Il est
regrettable que les pilastres, les arcs et les murs des deux chapelles, remarquable
travail médiéval sur la pierre, qui ont été peints
et repeints à l'époque moderne, restent recouverts. |
À
la suite de tranchées effectuées pour insérer le câblage
électrique dans le sol de la chapelle, du matériel a été
recueilli, essentiellement des ossements, restes d'inhumations et deux pièces
de monnaie de l'époque Louis XIII, qui ont été remises
par M. le maire à la Maison du Patrimoine. Le sol de l'ancienne église
a été repéré sous le sol actuel.
La
nef. : Le décroûtage du mur au dessus de la tribune a
révélé l'existence d'un arc semi-circulaire qui correspond
au tympan du portail de l'église. Il a été ré-enduit
et n'est désormais plus visible. Le mur à l'aplomb de la chapelle
des Ames du Purgatoire a montré le chaînage d'angle de la tour-clocher,
édifiée précisément sur les murs de la chapelle, et
a été ré-enduit aussi. Sur le mur de façade, dès
l'entrée dans l'église à droite, un placard de bois cache
une haute baie, un placard mural.
Dans l'abside,
cachée derrière le maître-autel, une dalle (pesant
plus d'une tonne) et ses jambages, a été identifiée comme
étant la table d'autel de l'ancienne église romane, et relevée.
Dans
le mur sud-ouest de la chapelle Saint-Joseph,
une vaste niche à sommet ogival et une plus petite ont été
découvertes par les fresquistes. Elles resteront fermées. Les
inhumations. : Comme dans
les chapelles, les tranchées du sol de la nef ont révélé
des ossements en abondance, tous bouleversés et brisés par
les travaux antérieurs. Deux
niveaux de sol de la nef,
plus anciens, ont été repérés, faits de carreaux de
terre cuite bruts, carrés, rectangulaires ou hexagonaux.
La
façade de l'église. Elle n'a fait l'objet d'aucun relevé
ni d'aucun projet. Le tympan du portail est délimité par
le même arc semi-circulaire qui a été retrouvé
sur la face intérieure du mur. Cet arc a été comblé
avec des éléments disparates, notamment 4 éléments
taillés, accolés sur les bords des deux dais, porteurs d'un décor
peu lisible en raison de leur érosion.
Recommandations.
:
La réponse aux questions posées par les " chapelles
" des Fonts Baptismaux et des Ames du Purgatoire et une meilleure connaissance
de l'église paroissiale primitive pourrait être apportée par
une fouille archéologique programmée du sol de ces deux chapelles.
Le bel appareil de pierres taillées des chapelles devrait être
rendu à son splendeur primitive (comme dans la cathédrale de Fréjus
- nef Notre-Dame -, élevée à la même époque
et sans doute par les mêmes bâtisseurs), ce qui pourrait se faire
au prix d'un simple brossage. Mais le service des Monuments Historiques (DRAC)
s'y oppose.
Les deux claveaux brisés de l'arc S-E de la
chapelle des Fonts Baptismaux ont été remplacés par
les soins d'un tailleur de pierre bénévole (Joachim Verdugo).
Le
problème de la poutre agressive de la maison de la rue Saint-Michel
reste posé. On s'oriente vers un statu quo.
L'autel roman,
monolithe, devra être rendu à la vue du public, enrichissant le patrimoine
religieux du village. Pour
rendre sa cohérence au tympan de la façade et faire ressortir
le dessin des dais, il suffirait d'enlever une faible épaisseur de moellons
du comblement. Mais l'architecte des Bâtiments de France y est opposé.
Enduire le fond donnerait un résultat approchant, visuellement. C ette
amélioration sera-t-elle acceptée ? N'a-t-il pas été
dit : " Veillez et priez ... " ? P.
J. G. .
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